Nous ne connaissons pas plus la date précise de naissance, vers 1156-1169, de Guillaume « le Breton armorique », que celle de sa mort, postérieure à 1226. Nous ignorons également le lieu où il naquit, – assurément en Bretagne, vraisemblablement dans le diocèse de Léon, probablement dans la paroisse de Plabennec, – de même que celui où il mourut, – sans doute à Senlis ou peut-être à Saint-Pol-de-Léon. Entretemps, le personnage a beaucoup voyagé et résidé loin de son pays natal, comme nous le verrons en nous efforçant de reconstituer sa carrière. Son œuvre de chroniqueur-poète est connue, mais, sauf le cas de quelques travaux spécifiques, au travers d’éditions et de traductions anciennes qui ne favorisent pas l’étude de ces textes.

L’attention portée à la production hagiographique bretonne de son époque, permet, sous le régime de l’hypothèse, de lui attribuer la composition de plusieurs vitae de saints régionaux et de révéler ainsi un pan ignoré de son œuvre.

vendredi 30 octobre 2020

Prémices

Notre édition de la vita sancti Goëznovei nous a récemment donné l'opportunité d'évoquer à nouveau l'hypothèse de la composition de ce texte par Guillaume le Breton, le futur chroniqueur et chantre des exploits du roi Philippe Auguste, à la toute fin du XIIe siècle (date proposée : 1199).

Rapidement présentée en 1995 dans un article des Annales de Bretagne[1], dont la publication avait été encouragée et permise par André Chédeville et Bernard Merdrignac, cette hypothèse a été reprise et approfondie dans notre mémoire de thèse de l’École pratique des hautes études où nous suggérâmes d’attribuer également à Guillaume les vitae de Goulven [BHL 3610] et de Ténénan [BHL 7999], de même que la seconde version de l’hagiographie de Mélar [BHL 5903][2]. Puis, en 2003, nous avons proposé d’étendre cette paternité à l’ouvrage composite consacré à Hervé (Hoarvé) [BHL 3859-3860], – ou du moins à une partie de cet ouvrage[3], – ainsi qu'à la vita disparue de Jaoua, comme s'en est fait l'écho Bernard Tanguy dans une étude parue en 2004[4]

Enfin, nous sommes revenu sur cette question en 2013 dans une étude intitulée « Saint Goulven à Bouvines : à nouveau Guillaume le Breton et l'hagiographie bretonne »[5].

 Il s’agit désormais d’intégrer ces prémices dans le cadre d’une recherche dédiée : notre hypothèse et le corpus littéraire en question, dont l’inventaire n’est pas encore achevé, si tant est qu’il puisse l’être un jour, feront à cette occasion l’objet d’un examen approfondi[6]. Le présent blog est destiné à nous accompagner durant la phase de recherches :  comme une sorte de "journal de laboratoire", il a vocation à accueillir certaines de nos notes de travail.


André-Yves Bourgès



[1]  André-Yves Bourgès, « Guillaume le Breton et l'hagiographie bretonne aux XIIe-XIIIe siècles », Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 101 (1995), n°1, p. 36-39.

[2]  Idem, Le dossier hagiographique de saint Melar, prince et martyr en Bretagne armoricaine (textes, traduction, commentaires), Lanmeur-Landévennec, 1996 (= Britannia monastica, 5), p. 225-231.

[3] Id., « Le bestiaire hagiographique de saint Hervé », Britannia monastica, 7 (2003), p. 85.

[4] Bernard Tanguy, « La Vie de saint Jaoua d’après Albert Le Grand », Louis Lemoine et Bernard Merdrignac, (dir.), Corona Monastica. Mélanges offerts au père Marc Simon, Landévennec, 2004 (= Britannia monastica, 8), p. 108.

[5] Ce travail a paru dans les Mélanges offerts au professeur Bernard Merdrignac, Landévennec, 2013 (= Britannia monastica, 17), p. 75-81.

[6] Portrait du chroniqueur-poète en hagiographe : L’œuvre inconnue de Guillaume le Breton.